Histoire des hautes pyrénées

 

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Les pierres polies du Néolithique abondent sur les rives de l'Adour et de l'Arros son affluent. Mais l'une des fortes originalités du département est la richesse archéologique de sa Protohistoire (période entre 2000 av. J-C. et l'arrivée des Romains en 56 av J.-C.).
Durant ce double millénaire, les tribus celtibères s'installent puissamment sur les hauts de collines où ils aménagent de vraies citadelles en terre et en bois (oppidum). Certaines subsistent encore en bon état relatif telle celle de "Castet Crabé" à Lagarde sur plus de 6 ha.
La colonisation romaine
Ce peuple appelé "Bigerrion" par les Romains a laissé plus de 200 menhirs, dolmens, cromlechs et tumuli sur les plateaux de Ger et de Lannemezan, un véritable trésor archéologique.
Pendant 5 siècles, les Romains occupent le territoire bigerrion et développent une remarquable mise en valeur de l'espace qui s'appuie sur un quadrillage très serré de"villas" : puissantes entreprises agricoles, toujours au plus près de l'Adour, l'Echez, l'Arros et dans les fonds plats des vallées pyrénéennes. On en connaît plus de 20 aujourd'hui.
Les Romains construisent deux villas ou deux foyers urbains à Tarbes, en plaine et sur l'eau. Bigorra ou St Lézer à 20 km au Nord sur un oppidum porte la seule enceinte romaine maçonnée du département sur près d'un kilomètre de périmètre. Les découvertes archéologiques s'y multiplient.
Le Moyen age des abbayes
Le long Moyen Âge, de 500 à 1500 ap. J.C., est une époque agitée et troublée. Les grandes invasions du IV° au IX° siècles ont ravagé les villas et villes romaines. L'insécurité règne. Les premiers comtes de Bigorre s'installent vers l'an 840 à StLézer-Bigorra, puis à Tarbes au XII°s dans une double ville fortifiée : l'une épiscopale autour de la cathédrale de la Sède, l'autre comtale autour du Brauhauban.
L'empreinte originale du Moyen age des Hautes-Pyrénées réside dans le réseau très dense des abbayes bénédictines dès le VII°s. Elles jalonnent les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Vers 1200 il en existe une bonne douzaine : clunisiennes avec Saint-Lézer, Saint-Savin, Saint-Pé-de-Bigorre ou Madiran, une cistercienne avec l'Escaladieu, toutes de renom.
Aux XIII° et XIV° siècles
 la Bigorre souffre cruellement de la longue guerre féodale qui oppose les deux monarchies française et anglaise à qui elle se soumet successivement. Si Pétronille, l'efficace comtesse aux cinq maris assure l'intégralité du comté, il n'en va pas de même de son petit-fils Esquivat qui perd définitivement la rivière-basse, tout le Nord de la Bigorre.
De la peste aux guerres de religion.
De 1300 à 1425, le Comté passe sous séquestre des rois de France, et le brillant Gaston Fébus n'y peut rien.
La grande peste noire venue d'Espagne en 1356 tue près de la moitié de la population: temps difficiles !
Si une belle reprise économique s'annonce vers 1500, les guerres de religion de 1569 à 1589 livrent la Bigorre de la plaine à une terrible exécution militaire : fureur, violence, destruction et mort pour Tarbes, Rabastens et Vic… Les responsables en sont tour à tour Montgomerry pour les protestants ou Blaise Montluc pour les catholiques. Les vallées pyrénéennes mieux défendues ou organisées restent plus à l'abri.
Les temps de la prospérité
Le XVII°s à son tour est dur pour les bigourdans, d'autant plus qu'à peu de frais pour le roi ils équipent Versailles en bois, pierres ou marbres de qualité.
Le Grand Siècle de prospérité retrouvée est le XVIII°s après 1725. Il repose sur 3 forts piliers : les grains dont le blé, les chevaux et les mulets, la vigne et le vin. Villages et villes se relèvent et le pays bigourdan se couvre de fermes, de manoirs ou de châteaux tous encore présents !
 Le baron d'Etigny intendant à Auch, construit les routes royales en longues lignes droites qui restent l'essentiel de notre réseau routier.
La Bigorre est prête pour la Révolution qui va créer le département des Hautes-Pyrénées le 4 février 1790 grâce à Bertrand Barrère. Pour l'essentiel il est fait de la Bigorre et des "Quatre vallées".
La formation du département                  
4 février 1790 : l'Assemblée Nationale (dite constituante) décrète sous l'impulsion des deux députés bigourdans du Tiers-Etat (Dupont de luz et surtout Bertrand Barère) que " La Bigorre et les quatre-vallées formeront un département et que l'Assemblée se tiendra à Tarbes".
Le parrain en fut Pinteville de Cernon, président du "comité de division" qui choisit le nom de Hautes-Pyrénées. Le premier président du Conseil Général (appelé Directoire) fut de 1790 à 93, le baroussais Pierre-Clair de Fondeville, vicomte de Labatut.
Les Quatre-vallées étant géographiquement dispersées (Aure, Barousse, Magnoac et Neste), on adjoignit aussi des territoires de l'Astarac, du Comminges, du Nébouzan et de la Rivière-Basse ainsi que le Louron qui dépendait de "la Rivière-Verdun". Cas presque unique en France (avec le Vaucluse), les Hautes-Pyrénées gardèrent aussi les "enclaves" de l'ex-Bigorre en Béarn.
Le nouveau département fut divisé en 5 districts (Tarbes, Bagnères, Vic et ceux dits de "la Montagne" (Argelès) et de "la Neste" (La Barthe)), puis en 1800, en trois arrondissements avec les mêmes sous-        préfectures qu’aujourd’hui
Les Hautes-Pyrénées au XIX è S.
Les Hautes-Pyrénées fournirent à la France des hommes et des industries lors des guerres franco-allemandes et furent terre d'accueil des réfugiés espagnols. Dès la fin du XIX°s le radicalisme domine la vie politique de la Bigorre partagée aujourd'hui avec les partis socialiste et communiste (notamment dans la banlieue tarbaise)… 
Des hommes et des industries au service de la France 
L'invasion anglaise lors de la première chute de l'Empire (1814) fut menée ici par Wellington lui-même contre l'armée du Maréchal Soult (combat entre Tarbes et Vic).
 Loin des frontières allemandes, les Hautes-Pyrénées ne connaîtront plus d'occupation étrangère jusqu'en 1942-1944 et bénéficièrent même de l'implantation d'industries stratégiques. Les guerres franco-allemandes s'y traduisirent :
Après la défaite de 1871 : par le repli de l'Arsenal de Mulhouse grâce au Colonel de Reffye, création de l'ATS (Atelier de construction de Tarbes) et le renforcement de la garnison (deux nouvelles casernes, trois régiments qui préparent la "Revanche").
En 1914-18 par la mobilisation de 40 000 hommes sur les fronts et de 18 000 "arsenalistes" pour l'effort de guerre, la création d'une poudrerie à Lannemezan, la gloire pour l'enfant du pays Ferdinand Foch le "vainqueur de la guerre" mais aussi la mort de 6 000 hommes - d'où le minimum démographique absolu de 1921 (185 000 hb).
 Dès 1938 par le repli de l'aéronautique (Morane-Saulnier, Hispano-Suiza), puis en 1940 l'arrivée des 50 000 réfugiés de l'Exode, nordistes et alsaciens-lorrains en particulier.
Et sous l'occupation (novembre 1942, août 44) par l'éclosion en forêt de nombreux petits maquis (Esparros, Nistos, Payolle, Sombrun...) et le rôle des "ports"(cols) dans les réseaux d'évasion vers l'Espagne.
Les Hautes-Pyrénées ont aussi vécu les drames de l'Espagne voisine : émigrants de la misère aragonaise (par la vallée d'Aure), réfugiés fuyant les guerres carlistes, puis à la fin de la guerre civile de 1936-39, le franquisme. La frontière restera fermée jusqu'en 1950 et ce n'est qu'en 1976 qu'une liaison routière est établie (tunnel Aragnouet-Bielsa). En 1986, l'Espagne est intégrée à l'Union Européenne, ce qui entraînera la disparition de la douane frontalière.
Les mutations économiques aux XIXe et XXe siècle 
Le XIX°s a transformé un pays assez pauvre, qui dépendait d'ailleurs d'Auch sous l'Ancien Régime, et victime d'un surpeuplement rural (maximum absolu : 251 000 hab en 1851) en un département "touristique" grâce à deux atouts :
Le thermalisme déjà ancien qui s'épanouit avec l'époque romantique mettant la montagne à la mode et amenant le "tout Paris" à venir y "prendre les eaux" (Chateaubriand, Hugo, Lamartine, G. Sand) et surtout Bagnères-de-Bigorre "l'Athènes des Pyrénées".
Gavarnie et ses "affreux Abymes" symbolisent le tourisme naissant, et les sommets, déjà tous gravis au milieu du siècle, engendrent le "pyrénéisme".
Lourdesaprès les apparitions de 1858 qui peut drainer les pèlerins grâce à l'appui de la pieuse impératrice Eugénie et surtout à la voie ferrée (1866). Le grand pèlerinage national de 1872 ouvre l'ère de Lourdes, ville mariale.
 
Loin des bassins houillers, le département des Hautes-Pyrénées reste à l'écart de la première Révolution industrielle et l'arsenal est la seule grande industrie.
 
La fée électricité 
La seconde révolution industrielle est pour les Hautes-Pyrénées celle de la fée électricité sous la forme de la houille blanche et de toutes les industries induites (matériel d'équipement électrique, électrochimie, électrométallurgie) avec trois grandes phases :
Le captage des hautes chutes et les premières centrales hydro-électriques au début du siècle : le courant n'étant pas transportable au loin devait être utilisé sur place (électrification ferroviaire, chimie de Lannemezan et Pierrefitte)
 
Dans l'entre-deux guerres: la création en 1921-23 d'industries de matériel électrique et ferroviaire (conduites forcées, pylônes, isolateurs, porte caténaires, wagons..) sous l'impulsion de J Raoul Paul directeur des Chemins de fer du Midi à Bagnères-de-Bigorre et surtout autour de Tarbes (Bazet, Ossun, Séméac, Soues) lui donnant une tonalité de ville ouvrière. En 1983 Péchiney, gros consommateur de courant crée à Lannemezan une usine d'aluminium.
 
Autour de 1950, l'équipement intégral par EDF (sauf le bassin de Cauterets) sous forme de centrales au fil de l'eau et de barrages-réservoirs (complexe Cap de Long-Pragnères en 1954). Ces infrastructures n'ont créé que peu d'emplois mais il en reste des routes d'intérêt touristique et des redevances aux communes qui ont financé la création de domaines skiables (St Lary).
Des loisirs aux services 
La seconde moitié du XX°s et sa société de consommation n'amène qu'une nouvelle industrie : l'électroménager (SEB) à Lourdes.
 
La dominante agricole s'efface (disparition de 3/4 des exploitations) et la polyculture fait place à une quasi-monoculture du maïs dans la plaine de l'Adour favorisée par l'irrigation (siège à Tarbes de la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne en 1959). Plus récemment se sont redéveloppées des productions de qualité (canards gras, porcins, vins de Madiran).
 
L'essor des loisirs valorise les atouts des Hautes-Pyrénées, pays du tourisme des quatre saisons et des éco-sports.
Les principaux domaines du nouveau tourisme :
"L’or blanc" création de stations d'altitude dans les années 60-70 (La Mongie, St Lary-Soulan, Piau-Engaly) puis de petites unités de ski de fond après 1980.
La randonnée et la découverte de la nature (création en 1967 du Parc National des Pyrénées, réseau de GR).
Les sports cyclistes (cyclotourisme, VTT) bénéficiant de la notoriété due au Tour de France (étape traditionnelle des grands cols pyrénéens, arrivées en montagne).
Les éco-sports aériens (parapente, deltaplane) et d'eaux vives (canoë, rafting).
D'où le renouveau démographique de la montagne où survit aussi une économie pastorale traditionnelle (ovins et bovins à viande avec transhumance sur les estives), indispensable pour l'environnement grâce à la pluriactivité et à une politique d'aides financières (ISM indemnités spéciales montagne).
Enfin le grand Tarbes (80 000 hbs, plus de 100 000 pour l'agglomération, la moitié des emplois du département) a vu décliner son importance industrielle mais s'affirme comme centre de services, pôle universitaire (4000 étudiants) et de technologies nouvelles.
( Informations données sans garantie d’exactitude.   )
La Préhistoire a laissé des documents exceptionnels déjà au Paléolithique moyen et surtout au supérieur dans les grottes richement ornées et décorées de Gargas,Lortet,Labastide et dans le calcaire du piémont il y a 30 000 ans.
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